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Terrorisme et société civile Terrorisme
et Société Civile comme instruments de la Politique des par Philip Agee Compte-rendu
des conférences données par Agee lors des Ateliers pour
la La Havane, Mai 2003 * * * * PREMIERE PARTIE La
condamnation de Cuba fut immédiate, énergique et pratiquement
unanime le En
lisant les centaines de condamnations qui me parvenaient par courrier,
il était facile de voir comment les ennemis de la révolution
se sont emparés de la question pour condamner les violations des
droits de l'homme à Cuba. En
ce qui concerne l'emprisonnement de 75 militants de la société
civile, la principale victime a été l'histoire, car ces
gens étaient des pièces TERRORISME Warren
Hinkle et William Turner, dans le livre "The Fish is Red" [note
de Le
chef adjoint de la BRAC, un certain José Castano Quevado, avait
reçu une formation aux États-Unis et était l'homme
de liaison avec le Bureau de la CIA à l'ambassade des États-Unis.
A l'annonce de la sentence, le chef du bureau de la CIA envoya un journaliste
collaborateur nommé Andrew St George auprès de Che Guevara,
qui à l'époque dirigeait les tribunaux révolutionnaires,
pour plaider la cause de Castano. Après avoir écouté
St George pendant une bonne partie de la journée, le Che lui a
dit de dire au Chef de la CIA que Castano allait mourir, sinon pour avoir
été un exécuteur de Batista, mais aussi parce qu'il
était un agent de la CIA. St. George quitta le quartier général
du Che situé dans la forteresse de la Cabana pour transmettre le
message à l'ambassade des États-Unis située sur le
promenade de bord de mer Le Malecon. En prenant connaissance de la réponse
du Che, le chef de la CIA a répondu solennellement, "C'est
une déclaration de guerre". Aujourd'hui,
lorsque je passe en voiture sur la 31eme Avenue en direction de l'aéroport,
juste avant de tourner à gauche à l'hôpital militaire
de Le
10 mars 1959, le même mois où l'adjoint de la BRAC fut exécuté,
le En
lisant les articles sur les arrestations de 75 dissidents, 44 ans presque L'année
suivante j'étais en train de suivre une formation dans une base Au
mois d'avril de la même année, deux jours avant le déclenchement
de Certains
de ceux qui ont signé des déclarations pour condamner Cuba
pour les procès de dissidents et les exécutions de trois
pirates connaissent Un
des meilleurs résumés de la guerre terroriste des États-Unis
contre Cuba dans les années 60 fut formulé par Richard Helms,
ancien directeur de la CIA, lors d'une audition devant la Commission d'Investigation
du Sénat sur les tentatives d'assassinat de la CIA contre Fidel
Castro. Tout en avouant les "invasions incessantes de Cuba menées
sous les auspices du Au
cours de la même audition, le Sénateur Christopher Dodd s'adressa
à Helms : Je crois qu'il s'agissait d'une seringue hypodermique. C'était quelque chose qui s'appelait "Blackleaf Number 40" et c'était en réponse à AMLASH qui avait demandé que nous lui fournissions un appareil avec lequel il pourrait assassiner Castro. Je regrette qu'ils ne lui aient pas donné un pistolet. Cela aurait rendu l'opération beaucoup plus simple et moins exotique. En
révisant l'histoire vous découvrirez qu'aucune administration
US depuis Les groupes terroristes d'exilés Cubains, dont la plupart sont basés à Miami et ont acquis leur savoir-faire grâce à la CIA, ont continué les attaques au cours de toutes ces années. Les autorités états-uniennes les tolèrent, qu'ils agissent sous la direction de la CIA ou de leur propre initiative. Très
récemment, au mois d'avril 2003, le quotidien Sun Sentinel de Fort Il
existe de nombreux articles sur l'arrestation au Panama en novembre 2000
d'un groupe de 4 exilés terroristes dirigés par Luis Posada
Carriles, un membre surdoué de la CIA. Ils planifiaient l'assassinat
de Fidel Castro qui participait à une conférence. Dans le
curriculum de Posada on trouve Un autre des terroristes intouchables de la CIA s'appelle Orlando Bosch, un pédiatre devenu terroriste. En tant que co-organisateur avec Carriles de l'attentat de 1976 contre l'avion de la Cubana, Bosch fut arrêté une semaine après cet attentat et passa 11 années en prison au Venezuela sous le coup de 3 procès engagés contre lui pour ce crime. Il fut acquitté à chacun des procès et libéré en Août 1987, puis arrêté à son retour à Miami en février 1988 pour avoir violé une liberté conditionnelle qui lui avait été accordée suite à d'autres actes terroristes pour lesquels il avait été condamné. En 1989 le Ministère de la Justice (US) ordonna son extradition en citant les rapports du FBI et de la CIA qui indiquaient que Bosch avait commis 30 actes de sabotage entre 1961 et 1968 et se trouvait impliqué dans la tentative d'assassinat contre l'ambassadeur Cubain en Argentine en 1975. Une élue au Congrès, Ileana Ros-Lehtinen, une cubano-américaine de Miami qui entretient des relations étroites avec la CANF, ainsi que Jeb Bush, le directeur de campagne de Ros-Lehtinen avant qu'il ne soit lui-même élu au poste degouverneur, intervinrent en faveur de Bosch auprès du Président George Bush (père), qui était directeur de la CIA au moment de l'attentat contre l'avion Cubain. Le président Bush ordonna en 1990 l'annulation de l'ordre d'extradition. Bosch fut libéré et depuis se promène librement dans les rues de Miami. Il
était devenu évident que le gouvernement des États-Unis
n'allait pas Malgré
tout, le gouvernement Cubain espérait pouvoir convaincre les [
note de CSP - "et vous ? qu'avez vous fait pour les Cinq de Miami Très
récemment, en déclarant la guerre sans fin contre le terrorisme
après SOCIETE CIVILE ET DISSIDENTS Dans
les années 80, sous l'administration Reagan, il fut décidé
que les En fait, le nouveau programme n'avait rien de nouveau. Depuis sa création en 1947, la CIA a été largement impliquée dans le financement secret et la manipulation d'ONG étrangères. Ces vastes opérations s'étendaient dans le monde entier et visaient les partis politiques, les syndicats, les organisations patronales, les organisations de jeunesses et étudiantes, les groupes féministes, les organisations civiques, les communautés religieuses, les organismes professionnels, intellectuels et culturels, et les grands médias publics [ note de CSP : pour Reporters Sans Frontières et Le Monde, mission accomplie. Pour CSP, j'attends une offre SERIEUSE ]. Le réseau fonctionnait au niveau local, national, régional et global. Des opérations médiatiques, par exemple, se déroulaient pratiquement sans cesse dans tous les pays, et la CIA payaient des journalistes pour publier leurs articles comme s'ils avaient été écrits par les journalistes eux-mêmes. A la Direction des Opérations au siège de la CIA, ces opérations étaient coordonnées avec les Directions régionales par la Division des Organisations Internationales (International Organizations Division - IOD), puisque certaines de ces opérations avaient un caractère régional ou continental, englobant de nombreux pays et parfois le monde entier. Au
cours des années la CIA a exercé une influence phénoménale
dans les Mais
le 26 février 1967, le ciel tomba sur la tete de l'IOD et sur son Le président Johnson ordonna une enquête et affirma que de telles opérations de la part de la CIA allaient cesser, mais en fait elles n'ont jamais cessé. Nous en avons la preuve dans les opérations réussies de la CIA au Chili pour provoquer le coup d'état de Pinochet en 1973 contre le gouvernement élu de Salvador Allende. A cette occasion ils ont combiné les forces des partis politiques d'opposition, de syndicats, des rganisations patronales, des associations de femmes au foyer et des médias pour provoquer le chaos, sachant que tôt ou tard les militaires Chiliens, fidèles à la doctrine militaire fasciste traditionnelle en Amérique latine, prendraient pour excuse ce désordre pour justifier une prise de pouvoir et restaurer l'ordre et éliminer la gauche. Ces opérations étaient pratiquement une copie conforme de la déstabilisation du Brésil et du coup d'état dix ans auparavant. Nous nous souvenons tous des horreurs qui ont suivi au Chili. DEUXIEME PARTIE Revenons
au présent. Tous ceux qui ont observé l’opposition
de la société civile contre le gouvernement de Hugo Chavez
au Venezuela peuvent être certains que les officines du gouvernement
des Etats-Unis, y compris la CIA avec l’Agence pour le Développement
International (AID) et le National Endowment for Democracy (NED), sont
en train de coordonner la Afin
de comprendre comment ces opérations de la société
civile sont organisées, examinons le coté bureaucratique
des choses. Lorsque je suis entré dans les cours de formation de
la CIA, les premiers mots que l’on m’a appris furent «
discipline » et « contrôle ». Le gouvernement
des Etats-Unis A
la CIA, les activités pour infiltrer et manipuler la société
civile sont connues sous le nom d’Opérations Clandestines
(Covert Action), et doivent suivre des règles précises.
Une demande de fonds doit être effectué sur un document appelé
Description de Projet, si l’activité est nouvelle, ou une
Demande de Renouvellement de Projet s’il s’agit d’une
activité en cours qui doit être prolongée. Le document
est émis par un bureau local ou par le quartier général
et décrit la situation actuelle ; les activités à
mener pour améliorer ou modifier la situation en fonctions des
intérêts US ; des En
plus de ces procédures budgétaires, une certaine somme d’argent
sans destination précise est incluse dans la rubrique D&TO,
destinée à financer de nouvelles activités imprévues
qui se révéleraient nécessaires pendant la phase
d’approbation du projet initial. Bien sur, l’affectation de
cette somme est soumise aux mêmes contrôles que précédemment.
Un rapport est aussi rédigé sur le potentiel de renseignements
qui pourraient être collectés au cours de la mise en oeuvre
du projet en question. Ainsi, le soutien financier à un parti politique
est censé pouvoir fournir des renseignements Les
documents ainsi rédigés passent par une procédure
d’approbation interne dans différents services tels que la
Division des Organisations Internationales, et selon leur importance ou
leur coût, ils peuvent être soumis à l’approbation
de Département d’Etat, de la Défense, du Travail,
du Sans
doute, de telles procédures sont appliquées aussi au sein
de l’Agence pour le Développement International et le NED.
Toutes les personnes concernées doivent d’abord être
soumises à une contrôle pour des raisons de sécurité,
et chaque personne se voit affecter des taches précises. Une Il faut noter que le National Endowment for Democracy (NED), au titre ronflant, trouve ses origines dans les Opérations Clandestines de la CIA et fut conçu à l’origine au lendemain des révélations désastreuses du 26 février 1967. Deux mois plus tard, Dante Fascell, élu à la Chambre des Représentants de Miami et proche de la CIA et des Cubains de Miami, proposa, avec d’autres Représentants, une loi destinée à créer une organisation « ouverte » qui prendrait officiellement en charge ce qui avait été jusqu’à là le domaine réservé des opérations secrètes de la CIA, à savoir le financement des programmes de sociétés civiles aux Etats-Unis (comme pour la National Students Association - association nationale d’étudiants) ou directement à l’étranger (comme le Congrès pour la Liberté Culturelle à Paris). Cependant,
l’idée de Fascell échoua à cause de l’absence
de consensus sur la politique étrangère entre Démocrates
et Républicains, consensus qui avait prévalu jusqu’à
là depuis l’administration Truman, après la deuxième
guerre mondiale. Mais des différences entre les deux partis ont
surgi à la fin des années 60 à propos de la guerre
au Asie du Sud-Est, puis dans les années 70 sur le Watergate et
la perte de la guerre au Vietnam, puis finalement à cause des révélations
faites par les commissions d’enquête du Congrès sur
les tentatives d’assassinat et autres opérations de la CIA,
empêchant tout accord et le début d’un isolationnisme
qui devait durer plusieurs années. Ce ne fut qu’à
la suite des victoires des mouvements révolutionnaires en Ethiopie,
en Angola, au Namibie, au Zimbabwe, à la Grenade, au Nicaragua
et ailleurs que les « combattants de la guerre froide » Démocrates
et les »internationalistes » Républicains décidèrent
de s’unir en 1979 pour créer Au
sein de l’APF, quatre groupes de travail ont été créés
pour mener cette étude, un pour les Démocrates, un pour
les Républicains, un pour la Chambre de Commerce US et un pour
le syndicat AFL-CIO. Le résultat de leur travail commun fut connu
sous le nom de Democracy Program. Ils consultèrent un grand nombre
d’organisations US et étrangères, et ce qu’ils
ont trouvé de plus Très
tôt la CIA a financé des ONG en Allemagne par le biais de
ces Fondations. Puis dans les années 60 les Fondations ont commencé
à soutenir les partis politiques amis et d’autres organisations
à l’étranger, et ils transféraient aussi l’argent
de la CIA pour les mêmes objectifs. Au début Une
des opérations de la Friedrich Ebert Stiftung montre à quel
point ces Fondations pouvaient être efficaces. En 1974, lorsque
le régime fasciste vieux de cinquante ans fut renversé au
Portugal, membre de l’OTAN, les communistes et les militaires de
gauche ont pris en charge le gouvernement. Ronald
Reagan était dés le départ un partisan enthousiaste
du Democracy Program, allant jusqu’à décrire les plans
lors d’un discours devant le Parlement Britannique en juin 1982.
Ce nouveau programme, dit il, construirait une « infrastructure
pour la démocratie » à travers le monde en Au
mois de novembre 1983 le rêve de Dante Fascell devint réalité.
Le Congrès créa le National Endowment for Democracy (NED)
et lui attribua un budget initial de 18.8 millions de dollars pour la
construction de sociétés civiles à l’étranger,
et ce pour la seule année fiscale qui se terminait en La
Cuban American National Foundation (CANF - Fondation Nationale Cubano-Américaine)
fut, sans surprise, un des premiers bénéficiaires du financement
du NED. De 1983 à 1988, la CANF reçut 390.000 dollars pour
ses activités anti-castristes. Au cours de la même période,
une organisation distincte, mais néanmoins dirigée par les
directeurs de la CANF pour Sur
le plan juridique, le NED est une Fondation privée à but
non-lucratif, une ONG, et se voit attribuer chaque année des subventions
par le Congrès. L’argent est versé à quatre
« fondations de base » qui correspondent aux quatre groupes
de travail originaux du Democracy Program. Il s’agit du National
Democratic Institute for International Affairs (Parti Démocrate)
; Le
statut non-gouvernemental du NED permet de faire croire que les bénéficiaires
de l’argent du NED reçoivent de l’argent « privé
» au lieu de celui du gouvernement des Etats-Unis. Ceci est important
parce que de nombreux pays, y compris les Etats-Unis et Cuba, ont des
lois relatives aux Troisième Partie Cuba a ses propres lois qui punissent les actions qui portent atteinte à sa souveraineté ou son intégrité territoriale ainsi que toutes action qui soutiennent les objectifs de la loi Helms-Burton de 1996, c'est-à-dire la collecte d'informations pour soutenir l'embargo ou perturber le gouvernement, ou la diffusion d'informations du gouvernement des Etats-Unis pour saper le gouvernement de Cuba. Les
nouveaux programmes destinés à la société
civile ont démarré avec un énorme succès en
Pologne. Dans les années 80, le NED et la CIA, en coordination
avec le Vatican, ont soutenu le syndicat Solidarnosc lorsqu'il fut interdit
pendant la loi martiale promulguée en 1981. Le programme fut convenu
entre Reagan et le Pape Jean-Paul II lors de la visite de Reagan au De
tels efforts pour développer une société civile d'opposition
à Cuba avaient déjà été entamés
en 1985 avec l'argent versé par le NED à la CANF. Ces efforts
ont été sensiblement renforcés en 1992 avec l'adoption
de la loi Cuban Democracy Act, plus connue sous le nom de loi Torricelli,
qui visait le soutien par des ONG états-uniennes aux organisations
ou individus favorables à "un changement démocratique
pacifique à Cuba". Un plus grand Une
des conséquences de ces lois fut que le NED, l'AID et la CIA, cette
dernière n'étant pas officiellement mentionnée mais
est évidemment impliquée, ont intensifié leur coopération
en direction de la société civile cubaine. L'information
sur la quantité d'argent que ces agences ont dépensé
à Cuba est parcellaire. Rien n'a été rendu publique
sur les dépenses de la CIA, mais ce qu'on peut trouver sur les
deux autres agences est intéressant. Le site Internet de l'AID
mentionne 12 millions de dollars dépensés pour ses programmes
Cubains entre 1996 et 2001 (soit une moyenne de 2 millions de dollars
par an), mais pour 2002 le budget grimpe à 5 millions de dollars
plus une rallonge de 3 millions pour atteindre 8 millions de dollars.
Leur budget pour Cuba pour 2003 est de 6 millions de dollars, soit une
multiplication par trois depuis que la junte de Bush a pris le pouvoir.
Ce qui ne constitue pas une surprise si on compte le nombre de Cubains
de Miami Cet
argent, selon AID, fut dépensé "pour promouvoir une
transition pacifique vers la démocratie à Cuba." De
1996 à 2001 ils ont dépensé les 12 millions de dollars
avec 22 ONG, apparemment toutes basées au Etats-Unis, dont la plupart
à Miami. Mais en 2002 le nombre d'ONG de façade avait rétréci
à 12 : The University of Miami, Center for a Free Cuba, Pan-American
Development Foundation, Florida International University, Freedom House,
Grupo de Apoyo a la Disidencia, Cuba On-Line, CubaNet, National Policy
Association, Accion Ces
ONG ont un double rôle, un en direction de leurs contre-parties
cubaines à Cuba et un en direction du reste du monde, principalement
à travers des sites Web. D'un coté ils font parvenir de
l'argent et de l'équipement à Cuba, et de l'autre ils diffusent
à travers le monde les activités et le travail de ces groupes
à Cuba. Par exemple, Cubanet, à Miami, publie les Il est intéressant de noter que l'AID affirme sur son site Internet que "ses bénéficiaires ne sont pas autorisés à utiliser les fonds ou donner de l'argent à toute personne ou organisation à Cuba." Une telle affirmation est difficile à croire, mais si elle est vraie, tout cet argent ne servirait qu'à soutenir l'infrastructure des ONG basées aux Etats-Unis, une sorte d'industrie subventionnée de l'anti-castrisme, sauf pour tout ce qui peut être acheminé à Cuba en tant que tel : ordinateurs, télécopieurs, photocopieurs, téléphones portables, radios, téléviseurs et magnétoscopes, livres, magazines, etc. Sur
son site Web, AID énumère 7 objectifs : solidarité
avec les militants des droits de l'homme, distribution des écrits
des journalistes indépendants, développement des ONG indépendantes,
promotion du droit des travailleurs, communication avec le peuple cubain,
préparation d'une future assistance à un gouvernement de
transition, et évaluation du programme. Tous ceux qui veulent découvrir
quelles sont les ONG qui bénéficient de la AID
affirme que les bénéficiaires de son argent ne peuvent dépenser
cet argent pour des Cubains à Cuba, on se demande alors d'où
proviennent les 100.000 dollars en espèces que les enquêteurs
ont découvert chez les 75 dissidents, pour la plupart sans emploi.
Un indice peut se cacher dans une déclaration de l'AID qui dit
ceci : "la politique des Etats-Unis encourage les ONG états-uniennes
et individus à mener des activités humanitaires et Rappelez-vous
que le NED est censé être une Fondation "privée",
une ONG. Elle n'est soumise à aucune restriction sur ses dépenses
à l'étranger, mais le hasard fait que le NED finance en
partie les mêmes ONG que l'AID. Soyez assurés qu'il ne s'agit
pas là d'une concurrence ou d'une manque de coordination de la
part de Washington. La raison est probablement que le NED peut financer
des salaires et autres dépenses personnelles à ceux qui
sont sur place à Cuba. Il existe à Cuba, au bout de la chaîne
de commandement et Chaque Cubain de ces organisations a une tâche bien définie dans le cadre du programme de l'AID, du NED et de la CIA. Ces tâches sont probablement définies dans des documents annexes classifiées en marge des documents officiels. Chaque Cubain sera qualifié de militant des droits de l'homme, de journaliste indépendant ou de bibliothécaire indépendant etc. Après tout, l'argent ne va pas dans la poche de fantômes, même au niveau le plus bas de l'échelle. Pas plus que les ONG n'ont le droit de donner de l'argent selon leur bon vouloir à n'importe quel mécontent qui croiserait leur chemin. Les bénéficiaires finaux sont identifiés comme tels et par écrit, tout comme le sont les Fondations et les ONG participantes à l'opération. Le
site Internet du NED, comme par hasard, n'est pas à jour. Il n'indique QUATRIEME PARTIE ET FIN Selon
le ministre cubain des Affaires Étrangères, Felipe Perez
Roque, lors d'une conférence de presse donnée le 7 avril,
et les agents de la sécurité cubaine qui avaient infiltré
et filmé les groupes dissidents, l'argent des Etats-Unis arrivait
à Cuba sous couvert d'envois effectués par des membres de
la famille à l'étranger, en espèces mélangées
à de nombreuses autres remises Quels
qu'aient été les montants versés à Cuba, tous
ceux à Cuba qui travaillent sur la question des dissidents sait
parfaitement que le gouvernement des Etats-Unis soutient et finance un
objectif : le changement de régime. Loin d'être des journalistes
"indépendants", des militants des droits de l'homme "idéalistes",
des partisans "légitimes" d'un changement, ou des "bibliothécaires",
chacun des 75 personnes arrêtées et condamnées participait
aux opérations du gouvernement US destinées à renverser
le gouvernement et installer un ordre économique et social acceptable
pour les Etats-Unis. Ils savaient que ce qu'ils faisaient était
illégal. Ils se sont fait attraper, et ils en paient le prix. Tous
ceux qui pensent que ce sont des prisonniers d'opinion, persécutés
pour leurs idées, ou des victimes de la répression, sont
tout simplement incapables de les voir pour ce qu'ils sont, à savoir
des instruments du gouvernement des Etats-Unis qui a déclaré
la guerre à la Cuba révolutionnaire. Ils n'ont pas été
condamnés pour leurs Penser que les dissidents étaient en train de créer une société civile libre et indépendante est absurde, car ils étaient financés et contrôlés par une puissance étrangère hostile et selon ce degré de contrôle, qui était total, ils n'étaient ni libres ni indépendants. La société civile qu'ils voulaient créer n'avait rien à voir avec une société civile banale, une association d'amateurs de motos Harley ou d'éleveurs de chiens. Ils voulaient créer un mouvement d'opposition politique ouvertement fomenté par le gouvernement des Etats-Unis. Il n'y a pas un seul gouvernement au monde qui aurait de telles tendances auto-destructrices et qui se contenterait d'observer la scène. Tous
ceux qui sont intéressés à comprendre comment les
Etats-Unis font la promotion d'une "société civile
indépendante" dans un secteur particulier, les bibliothèques
privées, peuvent consulter l'excellent rapport présenté
en novembre 2002 par Rhonda L. Neugebauer, Bibliographe, Etudes latino-américaines,
de l'Université de Californie (Riverside) au Pacific Lors
de sa conférence de presse, le Ministre des Affaires Etrangères
Perez Roque a donné des exemples sur le fonctionnement du système.
Il a montré un extrait de film sur le procès d'Oswaldo Alfonso
Valdès, président du Parti Démocratique Libéral
de Cuba, où Alfonso décrit une réunion tenue avec
un officiel de l'AID et Vickie Huddleston, chef de la Section des Intérêts
US à la Havane jusqu'à mi-2002, où ils ont discuté
sur comment améliorer la Selon
la loi cubaine, le fait d'être payé pour exécuter
la politique des Etats-Unis contre Cuba est illégal et constitue
en soi un élément suffisant pour d'être condamné.
Le groupe le plus large au sein des 75, les 37 "journalistes indépendants",
rédigeaient des articles sur Cuba destinés à d'être
diffusés à l'extérieur du pays à travers l'Internet.
Une de ces organisations à Cuba était l'Association de Presse
Indépendante dont le président, Nestor Baguer, était
un agent de la sécurité cubaine qui a témoigné
devant la cour. Il a dit que les membres de ce groupe écrivaient
pour le site web Cubanet, basé à Miami, et étaient
payés par le système Le
Ministre des Affaires Etrangères au aussi montré trois lettres
datées de janvier à mars 2001 envoyées à Oswaldo
Alfonso, le dirigeant du Parti Libéral, de la part de Carlos Alberto
Montaner, un journaliste en exil qui vit à Madrid et qui est le
président du Syndicat Libéral Cubain (membre de l'Internationale
Libérale). Montaner est aussi un membre fondateur de la En
lisant ces lettre, Perez Roque révéla que chacune des lettres
faisait mention d'argent joint au courrier : 200 dollars, 30.000 pesetas
et 200 dollars, les deux dernières sommes apparemment envoyées
par des amis communs de Montaner et Alfonso. Dans la lettre accompagnée
de pesetas, Montaner écrivit : "Très bientôt
deux amis espagnols hauts placés vous parleront du Projet Varela.
J'ai suggéré cinq noms pour lancer cette nouvelle idée
: Les lecteurs peuvent tirer leurs propres conclusions sur une éventuelle influence étrangère du Projet Varela. Oswaldo Paya, bien sur, est ce dissident reçu en grande pompe par l'Union européenne qui lui a attribué le Prix Sakharov des Droits de l'Homme pour son initiative du Projet Varela. Parmi
les commentaires outragés par l'action cubaine contre les dissidents,
on trouve des remarques sur le choc ressenti après une amélioration
ces dernières années à Cuba, sur le fait que Fidel
s'était ramolli et était devenu plus tolérant avec
la dissidence cubaine [note de Le
glas a sonné pour "nos gars" à l'arrivée
en septembre 2002 du nouveau chef de la Section des Intérêts
à la Havane, l'équivalent d'un ambassadeur si Cuba et les
Etats-Unis avaient eu des relations diplomatiques normales. Cason débarqua à la Havane comme un policier des Incorruptibles dans un tripot clandestin, avec un regard qui disait "faut par déconner avec moi". Mais soyons honnêtes. Ce type s'est littéralement démené à travers toute l'île, grillant les uns après les autres ses amis dissidents, "nos gars", et scellant leur sort sur son passage. Son soutien ouvert à la société civile de Washington à Cuba paraissait aux yeux de tous comme un appel à se faire expulser comme "persona non grata", pour parler comme un diplomate. Il a mis en scène des actes d'unité entre les groupes en province aussi bien qu'à la Havane. Il a accordé à ses préférés des laisser-passer permanents à la Section des Intérêts US, y compris aux agents doubles cubains, mettant à leur disposition un accès gratuit à Internet et autres facilités. Il a participé à des réunions dans les maisons des dissidents où il a donné des conférences de presse aux journalistes étrangers. Il a personnellement lancé la formation de la jeunesse du Parti Libéral. Il a reçu des dissidents dans sa résidence privée. Il a même hébergé un samedi un atelier sur le journalisme indépendant. Son comportement a largement dépassé les bornes communément admises par le protocole diplomatique au point qu'on pourrait dire qu'il a été La Mère de Toutes les Provocations. Mais
l'expulsion de Cason aurait provoqué une nouvelle crise avec les
Etats-Unis, et les Cubains n'ont pas mordu à l'hameçon.
Pendant 6 mois ils ont attendu et observé à travers leurs
agents bien placés dans la communauté dissidente. Puis ils
ont décidé de passer à l'action. Ils avaient les On
peut imaginer l'amertume qui règne chez "nos 75 gars"
qui sont tombés pour l'arrogance de Cason. A présent Cason
et son équipe, les officiers de la CIA et de l'AID inclus, doivent
tout recommencer depuis le début. Mais faudrait qu'ils fassent
gaffe lors de leurs prochains recrutements. Ils pourraient saliver demain
sur le cas d'un agent double Castriste, on ne sait Il ne fait pas de doute que les Cubains ont pesé le pour et le contre avant de prendre leur décision. Ils savaient qu'ils avaient beaucoup à perdre. Le mouvement aux Etats-Unis pour faire lever l'embargo et les restrictions aux voyages, au Congrès et dans la rue, serait sérieusement freiné par toute la désinformation qui suivrait. L'adhésion de Cuba aux accords de Cotonou qui garantissent des tarifs préférentiels et des aides de la part de l'UE serait probablement gelée, et ce fut le cas. De plus, la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU se réunissait à Genève, et les Etats-Unis faisaient tout, par la menace et la corruption, pour faire adopter une motion de condamnation contre Cuba pour violations des droits de l'homme. Au final ils n'ont pas obtenu gain de cause, mais le gouvernement cubain était prêt à courir le risque. Avec
de tels enjeux, le moment choisi pour déclencher les opérations
a fait l'objet d'une spéculation intense. En fait la communauté
dissidente, y compris les emprisonnés, n'a jamais représenté
une menace pour la révolution, et Cuba aurait pu continuer indéfiniment
à tolérer, infiltrer et suivre leurs activités commanditées
par le gouvernement des Etats-Unis. Mais De
plus, il y avait une importante dimension de politique interne à
tolérer les provocations insultantes de Cason parce qu'elles largement
connues ici. Il avait tellement dépassé les bornes que les
gens en général ont commencé à se poser des
questions sur la tolérance du gouvernement. Cela aussi aurait pu
d'être interprété comme un signe de faiblesse par
les partisans de la révolution. Alors ils ont décidé
de l'arrêter une bonne fois pour toutes et d'envoyer un message
à ses protégés toujours en liberté. Pour replacer
un peu les choses dans le contexte cubain, en 1996 le gouvernement avait
mis fin aux activités de survol très publiques des Frères
à la Rescousse en LES TROIS EXECUTIONS Le
détournement d'un ferry de la baie de la Havane, le Baragua, n'aurait
pas pu arriver à un plus mauvais moment. C'était le 7eme
détournement en 7 mois et il a eu lieu le 2 avril, soit la veille
du début des procès des dissidents, ce qui rendait facile,
aux ennemis de Cuba comme à un certain Le
ferry n'était rien de plus qu'une embarcation à fond plat,
propulsée par des hélices, avec une cabine. Elle n'était
faite que pour traverser les eaux calmes de la baie. Cette nuit là,
il y avait environ 50 passagers dont des enfants et des touristes étrangers.
Les pirates armés l'ont dirigée vers la haute mer au milieu
des vents dangereux de force 4, ils sont tombés en panne sèche,
et ont menacé par radio de jeter les otages à l'eau s'ils
ne recevaient pas assez de carburant pour atteindre la Floride. La partie
surprenante est comment les gardes cotes ont réussi à convaincre
les pirates Au
cours du procès l'Etat requit, et obtint, la peine de mort pour
les trois meneurs du piratage, confirmée en appel parce qu'il s'agissait
d'un acte terroriste d'une extrême gravité même si
aucune victime n'était à déplorer. Franchement,
étant moi-même contre la peine de mort, je pensais qu'une
combinaison de ces deux dernières mesures serait la meilleure solution
: attendre puis commuer. Mais je ne savais pas à l'époque
que les forces de sécurité cubaines étaient en train
d'enquêter sur 29 autres projets de S'il
y a un principe que Cuba a toujours respecté, au moins depuis la
crise des missiles de 1962, c'est de ne jamais donner aux Etats-Unis un
prétexte pour une intervention militaire. Un autre exode de type
Mariel, ou même une vague de détournements, aurait fourni
le prétexte aux Etats-Unis, comme l'a expliqué Fidel, pour
imposer un blocus naval, une campagne de bombardement, Mais
le Conseil d'Etat n'avait pas besoin d'attendre cette information. Ils
le savaient déjà. Ils ont ratifié les sentences le
10 avril, et elles furent exécutées le lendemain matin.
Vous pouvez exiger de Cuba le principe de "pas de peine de mort quelles
que soient les circonstances", mais le fait est que Cuba fait partie
des plus de 100 pays qui ont la peine de mort inscrite dans la loi. Ils
venaient tout juste d'assister à ce que les Etats-Unis avaient
fait à l'Irak, ont vu le travail de deux générations
mis en danger, y compris leurs centres scientifiques et technologiques,
leurs institutions Alors
que les exécutions et la condamnation des pirates avaient eu lieu
pratiquement au même moment, ce ne fut pas une surprise pour Cuba
de voir les hurlements commencer à travers le monde. Ils semblaient
y être préparés jusqu'à un certain point, mais
on pouvait ressentir ici un certain choc lorsque de vieux compagnons de
route de la révolution, tels Eduardo Galeano et José Saramago,
se sont joints au concert des condamnations. Ils furent rejoints par Chomsky,
Zinn, Albert, Davis, Dorfman et d'autres, dont les oeuvres sont des trésors
de ma bibliothèque, qui ont signé l'appel superficiel pour
la Campagne pour la Paix et la Démocratie. "Nous soussignés Quelques
semaines après les exécutions et les procès des dissidents,
le jour du premier mai où plus d'un million de Cubains se rassemblèrent
sur la place de la Révolution de la Havane, le Révérend
Lucius Walker, un des plus militants les plus actifs et dévoués
de la solidarité avec Cuba aux Les
lecteurs auront noté que la question importante sur le plan légale
et des droits de l'homme des procédures judiciaires n'a pas été
abordée. Parmi les critiques adressés aussi bien dans le
cas des dissidents que des pirates on trouve l'accusation selon laquelle
les défenseurs ont été soumis à une Epilogue A Washington, malgré la balle que Cuba semble s'être tirée dans le pied, les partisans au Congrès d'un assouplissement ou de la levée de l'embargo et de l'abolition des restrictions aux voyages sont en train d'aller de l'avant en proposant de nouvelles lois dans ce sens. Alors que la plupart condamnent les événements d'avril dernier, ils suivent leurs principes, en croyant pour la plupart que le fait que des américains aillent à Cuba changera les Cubains. Au cours de ces dernières années, j'ai personnellement observé le phénomène inverse. Mais la levée des restrictions aux voyages serait une bonne chose, quelles qu'en soient les raisons. L'administration
Bush, encombrée d'extrémistes Cubano-américains,
continue de faire monter la pression en expulsant 14 diplomates cubains
à Washington et New York sur de vagues accusations d'espionnage.
A l'évidence une décision politique qui n'avait rien à
voir avec la sécurité nationale.
Et
les agents de la Section des Intérêts US, du Département
d'Etat, de l'AID et la CIA devront retourner battre la campagne pour trouver
de nouvelles recrues, envoyer des noms et des curriculums pour des raisons
de sécurité sur des personnes prêtes à travailler
avec les ONG de Miami en suivant les pas des 75, et la Sécurité
cubaine leur fournira certainement des candidats Et nous dans tout ça ? La menace d'une guerre contre Cuba par Bush et sa troupe de croisés, tous rendus hystériques après la victoire en Irak, est réelle. Une campagne militaire contre Cuba qui coïnciderait avec la campagne électorale déjà entamée de 2004 serait peut-être son seul espoir de réélection, ne serait-ce que pour un deuxième mandat. Chaque jour la situation économique joue contre lui et il n'y pas de signes d'amélioration pour 2004. Il sait que c'est l'économie qui a fait perdre son père en 1992, et il pourrait en conclure que pour mener à bien sa mission divine d'étendre le contrôle militaire US à travers le monde, une crise très proche de la maison serait indispensable. Le moment est venu de se mobiliser contre la guerre, et il n'y a pas un instant à perdre. FIN références : Philip
Agee sur la CIA, Cuba et le terrorisme L'extrême
idéalisme de Rodolfo Frometa, commandant du groupe F-4 interview
originale de Posada Carriles au New York Times Conférence
de Presse de Felipe Perez Roque voir
aussi interview
en français de Basulto, de Brothers to the Rescue et
d'une manière générale : Sur
la Loi-Helms Burton (commentaires et texte de loi) : voir
aussi (en anglais) des analyses de Operation Mockingbird (infiltration Pipe
Dreams: the CIA, Drugs, and the Media Rapport
sur les bibliothèques "indépendantes" à
Cuba : CUBA
SOLIDARITY PROJECT
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