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Un pirate de l'air jugé à Miami Les tensions croissantes entre les États-Unis et Cuba sont une fois de plus mises à l'épreuve depuis le 8 juillet à Miami, où sera jugé un homme qui, menaçant de faire sauter un avion commercial cubain avec une grenade à main, l'a détourné sur les États-Unis. Il s'agit d'Adelmis Wilson Gonzalez, âgé de 33 ans, qui le 1er avril a réussi à conduire en territoire nord-américain l'appareil et ses passagers, après des négociations à l'aéroport de La Havane auxquelles ont participé le président Fidel Castro et le chef du Bureau des Intérêts des États-Unis à Cuba (SINA), James Cason. Bien que la désignation de Cason par le gouvernement de George W. Bush ait été considérée par La Havane comme une provocation en raison des actions réalisées par le chef de la SINA dans l'île et jugées franchement subversives, durant les négociations avec le pirate de l'air le diplomate a tenté de persuader celui-ci de renoncer à son projet en l'avertissant qu'une fois aux États-Unis il serait passible d'une peine sévère. Cuba accuse le gouvernement nord-américain de faire preuve de tolérance à l'égard de ces individus -considérés par les autorités cubaines comme des terroristes- en leur octroyant l'asile en vertu de la Loi d'ajustement cubain, une disposition en vigueur depuis 1966 à l'intention des Cubains sans papiers qui arrivent de quelque manière que ce soit en territoire nord-américain. En vertu de cette loi et au mépris des accords migratoires bilatéraux de 1994 et 1995, les autorités nord-américaines ont en particulier donné asile à des personnes ayant détourné des embarcations et des avions, et même à certaines accusées d'homicide à Cuba. Les émigrants cubains qui sont interceptés en mer sont renvoyés à Cuba de manière sélective, une mesure qui s'ajuste partiellement aux accords migratoires, dans le cadre d'une politique générale dite de «pies secos, pies mojados» (pies secs, pieds mouillés). Pour ce qui est de Wilson, il est passible de 20 ans de prison et de son renvoi à Cuba après avoir purgé sa peine, ayant utilisé des grenades à main et menacé devant les autorités cubaines de tuer des otages si on ne lui permettait pas de conduire l'appareil commercial en son pouvoir aux États-Unis. Son action a par ailleurs donné lieu à une série de détournements qui ont débouché sur un fait encore plus dramatique, lorsque plusieurs individus et leurs complices se sont emparé sous la menace des armes d'une embarcation de passagers qui couvrait le trajet entre les deux rives de la baie de La Havane et ont menacé de tuer un à un les otages. Cette tentative de détournement a finalement échoué et ses trois principaux auteurs ont été jugés, condamnés à la peine capitale et exécutés. La sanction, qualifiée de dure par les autorités cubaines elles-mêmes, a mis fin à la chaîne de détournements. En réalité, le procès commencé à Miami pourrait avoir des conséquences significatives. Si les autorités des États-Unis font preuve de tolérance envers le pirate de l'air, leur attitude sera en franche contradiction avec la sacro-sainte lutte antiterroriste actuelle. Les auteurs des attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington ont en effet utilisé des avions pour leur action sanglante. Un verdict favorable à Wilson serait interprété comme marqué par des motivations politiques et conforme à la conduite officielle traditionnelle nord-américaine envers Cuba, ignorant les nécessités de la lutte antiterroriste. (WDS)
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