Le
président américain George W. Bush a donné vendredi
un nouveau tour de vis à l'embargo contre Cuba en décidant
d'appliquer de manière plus stricte l'interdiction faite aux
Américains de s'y rendre.-Washington (AFP) 10 octobre 2003.
Il
veut répondre ainsi à la dernière vague de répression
menée par le dirigeant cubain Fidel Castro et, selon les termes
qu'il a employés lors d'une allocution à la Maison-Blanche,
par son "régime staliniste".
Cette
mesure frappe La Havane au portefeuille en privant le régime
cubain des revenus en devises laissés par les touristes américains
qui contournent l'interdiction déjà prévue par
la loi.
M.
Bush a rappelé que la loi américaine autorisait les visites
de ressortissants américains vers Cuba pour des raisons limitées
comme "les visites familiales, l'aide humanitaire et la recherche".
"Ces
dérogations sont trop souvent utilisées comme couverture
pour des activités illégales et le tourisme ou pour contourner
l'interdiction d'apporter de l'argent liquide à Cuba", a-t-il
estimé.
"Nous
allons réprimer ces manoeuvres. J'ai demandé au département
de la Sécurité intérieure d'accroître les
contrôles sur les voyageurs et les cargaisons se rendant et venant
de Cuba. Nous appliquerons la loi", a averti M. Bush en affirmant
que ce "tourisme illégal entretient la misère du
peuple cubain".
Il
a également déclaré que son administration allait
améliorer le traitement des dossiers des Cubains demandant à
quitter l'île légalement. Le nombre et la puissance des
émissions de radio et de télévision américaines
vers Cuba va être augmenté et l'internet utilisé
pour diffuser des informations.
Mais
George W. Bush n'a pas assoupli les dispositions actuelles pour les
boat-people cubains. Ceux-ci doivent prendre pied sur le sol américain
pour y être considérés comme réfugiés
politiques. S'ils sont interpellés en mer par les garde-côtes
américains, ils sont renvoyés à Cuba.
La
fondation nationale cubano-américaine regroupant des exilés
anti-castristes a déclaré depuis Miami être "satisfaite"
estimant que "cela laisse supposer un changement d'attitude de
Washington envers le régime cubain". Cette association s'était
plainte cet été de la position trop timorée du
président Bush vis-à-vis de Cuba et réclamé
des mesures plus radicales.
En
revanche pour le sénateur démocrate Max Baucus, ces mesures
sont insuffisantes. "Je suis déçu par cette annonce
qui se veut importante mais est en fait marginale", a-t-il souligné
dans un communiqué.
"Les
restrictions sur les voyages vont uniquement servir à limiter
les déplacements des Américains et vont permettre de protéger
le régime cubain de l'influence démocratique du peuple
américain", a-t-il dit. M. Baucus avait présenté
en début d'année un projet de loi pour lever l'embargo
envers Cuba.
En
mai 2002, Le président Bush avait fait une petite ouverture vers
Cuba en
envisageant un assouplissement de l'embargo américain.
Mais
cette proposition n'était valable que "si et seulement si,
le gouvernement cubain organisait des élections libres et équitables,
autorisait le droit d'assemblée et de libre expression et assouplissait
les mesures entravant la libre entreprise", a souligné M.
Bush vendredi.
"Depuis
que j'ai fait cette offre, nous avons vu quelle a été
la réponse du régime de Castro à ces initiatives
diplomatiques. Le dictateur a répondu par le défi et le
mépris et une nouvelle vague de répression qui a outragé
le monde", a-t-il affirmé.
Les
mesures annoncées vendredi sont aussi destinées à
contenter l'importante
communauté cubaine de Floride (sud-est), Etat dont son frère
Jeb Bush est le
gouverneur.
Le
président républicain, qui se représente pour un
second mandat en novembre 2004, avait triomphé en 2000 grâce
aux voix de cet Etat qui avaient fait pencher la balance en sa faveur.