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Recherche et traitements : la bataille cubaine contre le SIDA Cuba a en ce qui concerne la recherche sur le SIDA et les soins dispensés aux séropositifs et aux malades, d'importants acquis. Le travail de recherche d'un vaccin préventif contre le SIDA est très avancé même si nous pouvons dire que nous avons jugulé la maladie. Le taux d'incidence est de 0,05% dans la population cubaine. Deux voix autorisées au micro de RHC : Le Docteur Jorge Perez, sous-directeur de l'Institut de Médecine Tropicale, nous fournit des détails sur la stratégie appliquée à Cuba dans le domaine de la recherche. " Nous avons démarré par une stratégie visant à mettre au point des vaccins permettant la fabrication d'anticorps neutralisant le virus. Le vaccin a effectivement créé des anticorps chez 50% des volontaires vaccinés. Cette étude a toutefois montré les limites de cette stratégie, mises en évidence ailleurs aussi. Cette année, par exemple, on a appris que le premier vaccin de ce type n'assure finalement pas de protection. Dans notre cas, la réponse de l'organisme n'a pas été aussi importante que nous l'espérions. Nous avons donc décidé d'axer notre projet sur une autre stratégie : la recherche de vaccins qui provoquent la prolifération des cellules étant à même de détruire les cellules infestées. Cette technique peut viser des protéines internes du virus qui sont plus résistantes. Ce vaccin pourrait donc donner plus de protection contre une gamme plus vaste de souches virales. Nous n'avions pas, à Cuba, la technologie nécessaire pour produire ce type de vaccins car, dans le monde en général ce type de recherche est peu développé. Nous avons donc dû assimiler la technologie de production de virus vivants. Nous avons utilisé des virus qui sont inoffensifs pour l'être humain comme les post virus. Nous y avons introduit l'information génétique des protéines et des régions du VIH contre lesquelles nous voulons induire une réponse similaire. D'après les tests la réponse des cellules protectrices est plus forte que lorsque l'on procède à l'immunisation par d'autres moyens ". Pour sa part, Carlos Duarte chercheur au Centre d'Ingénierie génétique et de Biotechnologie de La Havane qui dirige le groupe de recherche sur les vaccins contre le SIDA, a relevé en ce qui concerne la stratégie portant sur le traitement : " C'est une stratégie de biotechnologie qui utilise une partie du virus étant à même de provoquer une réaction dans l'organisme. Comment y parvenir ? Par des moyens thérapeutiques, c'est-à-dire, en traitant des séropositifs avec les antirétroviraux. Nous avons fait une présélection d'un groupe de séropositifs. La thérapie actuelle est faite avec les génériques cubains pour réduire le virus à des niveaux non repérables. Quand on applique cette thérapie, les virus se cachent dans l'organisme et leur réplication dans les lymphocytes s'arrête. Elle reprend dès que la thérapie cesse. L'on administre le vaccin thérapeutique en plusieurs doses à la recherche d'une réponse immunologique ". Carlos Duarte a ajouté à propos de la thérapie offerte à tous les séropositifs dans notre pays : " Nous avons produit nos premiers génériques cubains en 2001. Leur administration a été progressive : 360 patients d'abord. 1056 en bénéficient actuellement dans tout Cuba. Le Centre National de Référence est l'IPK - l'Institut de Médecine Tropicale Pedro Kouri - ici, à La Havane, où tous les médecins concernés ont suivi des stages. L'IPK contrôle, de façon informatisée, la marche du traitement. Nous coordonnons avec les établissements de santé traitant les patients les analyses périodiques qu'il faut faire et qui doivent être fréquentes car il s'agit du suivi des résultats d'une recherche " Carlos Duarte a précisé à propos des génériques cubains: " Premièrement, le traitement provoque une réponse immunologique chez les patients : la présence du virus baisse à des niveaux ne pouvant pas être détectés. Le suivi des résultats se fait pendant 18 mois. La présence de cellules assurant la défense de l'organisme a considérablement augmenté. La moyenne d'hospitalisations est passée de 7 à 1 par an car le nombre de maladies opportunistes a diminué. La survie des malades a triplé : elle est passée de 14 à 36 mois. La mortalité a aussi été réduite : en 2000, 141 personnes sont mortes de SIDA à Cuba et, 80 en 2002. C'est-à-dire que tous les indicateurs de qualité de la vie : critères immunologiques, virologiques et de mortalité, démontrent que les génériques cubains sont efficaces. Il faut pourtant souligner qu'il ne s'agit que d'une aide à la préservation de la vie. Ce n'est pas la guérison de la maladie car les moyens pour le faire n'existent pas encore dans le monde. C'est donc un protocole uniquement thérapeutique, les virus faisant leur réapparition dès l'arrêt du traitement. La personne peut en infecter d'autres par les voies qu'on connaît. Le travail éducatif avec les séropositifs est donc important afin qu'ils prennent conscience du fait qu'ils restent porteurs du virus et qu'ils doivent utiliser des préservatifs". Des recherches de plus en plus poussées sont faites dans le monde entier et à Cuba, bien sûr. Carlos Duarte a souligné à ce propos : " Plus
nous saurons sur le VIH, plus nous serons en mesure de l'attaquer. Quant
il est apparu, les méthodes pour le définir n'étaient
pas suffisamment développées. Les progrès faits depuis
ont permis de mieux le connaître. C'est un virus qui a un seul acide
nucléique qui s'empare de celui de l'organisme.. Il faut bien déterminer
comment il trompe l'organisme afin de préparer ce dernier à
se défendre. Des études très importantes sont faites
dans le monde sur des cas bien précis : des prostituées
ayant eu des rapports sexuels avec des séropositifs et n'ayant
pas été infectées; des couples dont un des membres
est séropositif et n'a cependant pas infecté l'autre. Les
organismes de ces personnes sont dotés de quelque chose qui les
protège et qu'il faut découvrir. " |