L’enclos
d’America
Le projet de coopération entre l’Association cubaine de
production animale et l’Agro- Action allemande bénéficiera
à 702 éleveurs et 19 coopératives horticoles de
la capitale
Par
Raisa pages, de Granma international.-Lahavane, 27 septembre 2004
Un
jardin potager bien entretenu constitue l’antichambre de l’enclos
d’America. Les animaux de basse-cour occupent derrière
une petite parcelle où elle, son mari et ses enfants élèvent
des poules, des canards, des dindons, des porcs et des lapins.
La
cour d’America Domingo Alarcon Alaron n’est pas située
dans une zone rurale mais dans la municipalité havanaise de Playa,
tout près de la zone où se développe le Pôle
scientifique de l’Ouest de La Havane.
Des
décombres couvraient autrefois ce demi-hectare qu’elle
cultive. Sa famille a nettoyé l’endroit contigu à
la maison et avec l’autorisation des autorités municipales
et agricoles a commencé à le transformer en 1995.
«Ici
on tire profit de tout. Les animaux mangent les déchets des légumes
et des aliments que nous produisons. Nous entreposons les excréments
dans un endroit où nous avons déposé des vers de
terre pour produire de l’humus et enrichir les terres. Les vers
servent aussi d’aliments pour les volailles», explique America.
«Nous
vendons les légumes ici même, à l’entrée
de la cour. Je fournis du lait de chèvre à un enfant qui
ne digère pas le lait de vache. Je vends aussi mes excédents
d’ œufs. Les animaux que nous élevons sont généralement
destinés à la consommation familiale», ajoute-t-elle.
America
est l’une des 702 bénéficiaires du projet d’aide
à des coopératives et producteurs individuels de 13 municipalités
de La Havane-Ville destiné à accroître l’élevage
d’animaux de basse-cour, projet organisé par l’Association
cubaine de production animale (ACPA) et financé par Agro-Action
Allemande, une ONG qui coopère avec Cuba depuis 11 ans.
«Le
programme d’aide a réellement démarré en
juin 2003 et durera jusqu’en 2006. L’objectif est de fournir
aux éleveurs des moyens pour des investissements durables, notamment
des clôtures, du ciment, des tuiles et des outils de travail»,
indique Juan Emilio Llibre, directeur du projet pour l’ACPA.
«Le
projet comprend deux aspects. L’un concerne la production animalière
mais l’autre est consiste à encourager l’horticulture
dans 19 Unités de base de production coopérative et Coopératives
de crédit et de services», signale encore Llibre.
«On
fournit aux coopératives horticoles une technologie avancée,
par exemple pour la production couverte de semis pour les légumes
pendant l’été» ajoute-t-il.
Jürgen
Roth, représentant à Cuba d’Agro-Action Allemande,
assure pour sa part qu’« ici il existe une politique claire
et précise. Les coopératives ont le soutien de l’Etat
et cela nous sécurise quant l’obtention de résultats
rapides».
Il
signale que le niveau d’instruction des agriculteurs est élevé
contrairement à cuex d’autres pays qui sont le plus souvent
illétrés. « Ici la formation des producteurs de
technologies durables se déroule très bien», insiste
Roth.
Pour
Carlos Morel, délégué agricole à Playa,
ce projet améliore les conditions de production et permet aux
producteurs d’obtenir de meilleurs résultats. Le mouvement
d’agriculture urbaine de la municipalité comprend 7 200
enclos et parcelles.
«A
Playa il existe 450 hectares de zone agricole dont 95% sont actuellement
exploités. C’est une municipalité qui a beaucoup
d’investissements, ce qui nous oblige parfois à déplacer
les producteurs vers d’autres zones», explique Morel. «L’année
dernière la municipalité Playa a récolté
253 000 quintaux d’aliments, de légumes et d’agrumes.»
UNE
MEILLEURE UTILISATION DES RESSOURCES
Le
montant du projet s’élève à 758 000 dollars,
à exécuter sur trois ans. Les ressources ont déjà
bénéficié à 392 producteurs de 9 des 13
municipalités choisies car en raison de la densité de
leur population, ni Centro Habana ni La Vieille Havane ne peuvent développer
l’agriculture urbaine.
Les
702 bénéficiaires sont déterminés conjointement
par la délégation municipale de l’Agriculture et
les organes de base de l’ACPA, qui choisissent des personnes d’expérience
prêtes à faire profiter la communauté de leurs produits.
Actuellement, 523 éleveurs privés sont déjà
inscrits au projet.
Les
ressources sont distribuées en fonction des espèces animalières.
On fournit aux éleveurs d’ovins et de caprins des clôtures,
du ciment pour les bâtiments et des outils de travail tels que
machettes, tuyaux d’arrosage, limes, etc.
«Nous
contrôlons l’impact de l’utilisation des ressources
sur la production. La formation est très importante, car elle
permet aux producteurs de ne pas appliquer des techniques qui les rendent
dépendants des rares moyens de production. Ils reçoivent
des cours de médecine verte et d’homéopathie pour
garantir la santé des animaux. Nous leur apprenons aussi à
élaborer des aliments pour le bétail avec des produits
locaux et nous encourageons le développement de l’élevage
des vers de terre», indique Rosario Reboredo.
Les
éleveurs de lapins reçoivent 20 cages de façon
à pouvoir exploiter huit lapines reproductrices. Ils reçoivent
aussi des appareils pour désinfecter à la chaleur les
abris des animaux et éviter ainsi de recourir aux produits chimiques.
Roth
précise finalement que les Unités de base de production
qui ont bénéficié d’aires couvertes pour
les semis se maintiennent très stables, qu’elles ont une
productivité élevée et constituent une importante
source d’emploi. Le rendement de la production horticole a en
outre augmenté dans le contexte urbain.
