dernière modification le
 Menu général

-Accueil
-Association
-Liens
-Nous écrire

 Cuba

-José Martí
-Carte
-Cubabécédaire

 Luttes
-Actualités
-Les rendez-vous
-Blocus
-Amérique latine
-Les actions
 Documentation

-Archives
-Bibliographie

 

"Cuba sous la menace"

La Jornada, 9 mai 2003.-Angel Guerra Cabrera


La campagne médiatique qui a fait rage ces dernières semaines contre
Cuba se heurte à la vérité, à la solidarité et aux talents qui lui font face. Cette campagne a ouvert une brèche dans le mur de calomnies que dressent les multinationales de la (des)information, une brèche qui a permis à l'opinion publique de connaître le plan subversif fomenté dans l'île par les Etats-Unis. Elle a permis de savoir quel rôle y jouait la cinquième colonne de mercenaires crée par Washington, déguisée en opposition et dirigée par les diplomates américains à La Havane. Elle a fait comprendre que l'Etat cubain devait faire face à des actions délibérées qui cherchaient à provoquer une crise migratoire comme prétexte à une invasion américaine.
Fidel Castro et d'autres dirigeants cubains ont tout expliqué avec la sincérité et la clarté habituelles. Mais les pieuvres médiatiques ont tout occulté, manipulant le rejet légitime de la peine de mort dans l'opinion en taisant en même temps les circonstances exceptionnelles qui déterminent l'action du gouvernement
cubain : son souci d'éviter la perte de milliers de vies et la destruction du pays.

Ainsi, pour que la vérité s'impose, les points de vue exprimés par les amis de la révolution cubaine, latino-américains en particulier, dans les rares espaces alternatifs, auront été décisifs. Il ne s'est pas agi de soutiens inconditionnels, la plupart du temps, mais d'une analyse souvent critique et depuis des positions politiques différentes. Ces espaces ont favorisé un riche débat qui a mis en question des mythes et des idées préconçues sur Cuba qui n'épargnent pas la gauche. Ce débat a aussi permis de méditer sur la menace de soumission et d'extermination sans précédent que les nouveaux nazis de Washington font peser sur l'humanité et sur la réponse que peuvent envisager les forces progressives et démocratiques.

J'oserai affirmer que le débat a conduit à généraliser trois concepts
dans les esprits politiques les plus affirmés, surtout en Amérique Latine.

1) C'est à Cuba que se trouvent les acquis sociaux les plus importants dans
notre Amérique, c'est le principal foyer de résistance à la domination
impérialiste et aux politiques néolibérales qui ont soumis dans cette région
la majorité des gouvernements. On comprend ainsi que l'équipe fasciste de
Bush considère l'élimination de ces acquis sociaux comme une priorité.

2) L'Etat révolutionnaire cubain a démontré pendant des décennies, grâce à
un soutien populaire majoritaire, qu'il pouvait faire échouer les agressions
américaines sans presque jamais recourir à la force. Aucun nouvel élément
objectif ne permet de penser que les mesures rigoureuses récemment adoptées
annoncent un changement de ligne politique.

3) Enfin, avec ses qualités et ses défauts, Cuba est en danger : comme dans
le cas d'une soeur, défendre Cuba, c'est défendre toute l'Amérique Latine
contre la politique actuelle des Etats-Unis qui préparent la colonisation du
continent.

Trois événements sont venus étayer ces conclusions. Ils marquent le point d'infléchissement de la campagne médiatique en Amérique Latine parce qu'ils ont permis à l'opinion publique internationale de raisonner sur les événements cubains d'après une information de meilleure qualité. Le premier événement a été l'article honnête et courageux de Pablo González Casanova, publié le 26 avril dans La Jornada. Le deuxième, ce sont les dix lignes ravageuses signées par Gabriel García Márquez : "Les nombreuses déclarations sur la situation cubaine - même lorsqu'elles sont de bonne foi - peuvent apporter voire magnifier les arguments dont les Etats-Unis ont besoin pour justifier une attaque sur Cuba", a-t-il déclaré. Le troisième, c'est la déclaration d'un groupe d'intellectuels mexicains importants qui vont dans le même sens : lue par González Casanova le 1er mai sur la Place de la Révolution de La Havane devant un million de Cubains, elle a été appuyée par García Márquez et d'autres personnalités prestigieuses et elle a déjà réuni plus de mille soutiens consultables sur http://www.porcuba.cult.cu.

Face au tableau que l'on prétendait nous peindre, celui d'une révolution
cubaine isolée et condamnée par l'intelligence mondiale, un puissant courant
de solidarité émerge sous l'impulsion de voix d'intellectuels et d'artistes prestigieux. L'extraordinaire travail culturel que Cuba a réalisé depuis le
triomphe de la révolution y est pour beaucoup. Le dialogue et le lien étroit
que le mouvement intellectuel cubain entretient avec le gouvernement de
l'île et sa supériorité sur celui de l'exil n'y sont pas pour rien.

Bien que l'actuelle campagne médiatique s'enlise, ce n'est toutefois pas le moment de crier victoire. Les motifs de l'agressivité de Washington contre Cuba demeurent et ils ne disparaîtront pas tant que l'île continuera sa révolution. L'impérialisme nord-américain traverse par ailleurs une période critique qui a conduit la Maison Blanche, forte de sa supériorité militaire, à mettre en oeuvre un projet de domination mondiale : la doctrine Monroe étendue à l'échelle planétaire. Pour couronner le tout, compte tenu de la dégradation croissante de l'économie nationale, la réélection de Bush exige l'état de guerre permanent.


Traduction : R. M.


HIGHTECHNET 2003 - CONTACT